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Hiver arctique de Arnaldur INDRIDASON

Editeur : POINTS

Date 1ère parution : 2005

Genre : Policier

Nombre de pages : 405


Quatrième de couverture :




Comment peut-on poignarder un enfant ? Au cœur de l'hiver arctique, en Islande, un garçon d'origine thaïlandaise a été retrouvé assassiné. Il avait dix ans. Crime raciste ?

Le commissaire Erlendur mène l'enquête, s'acharne et s'embourbe. Il ne comprend plus ce peuple dur et égoïste qui s'obstine à survivre dans une nature hostile. L'absurdité du mal ordinaire lui échappe…





Mon avis :

7ème volume de la saga du commissaire Erlendur Sveinsson que je découvre pour ma part, hiver arctique est un polar qui après un départ plutôt violent lors de la découverte du corps sans vie du petit garçon prend son temps. Le temps de poser l'enquête, son fil conducteur, ses fausses pistes. Erlendur et ses deux enquêteurs ne laissent rien au hasard et Arnaldur INDRIDASON non plus. Chaque élément est fouillé, examiné, vérifié dans les moindres détails et c'est excellent. Les interrogatoires, les visites chez les différents témoins, tout est minutieusement retranscrit avec beaucoup de réalisme, de cohérence et d'humanité, à tel point que l'on se projette parfaitement dans les lieux, les odeurs, les atmosphères. Le froid cinglant est omniprésent et c'est un personnage à part entière. En parallèle, une autre enquête portant sur la disparition d'une femme trompée par son mari refait surface car le commissaire reçoit de curieux appels et il pense que c'est d'elle dont il s'agit, ce qui l'interroge, le fait douter, lui fait perdre son flegme, sa lucidité parfois et même le contrôle de cette seconde enquête.

L'homicide particulièrement odieux, inconcevable et insoutenable à l'origine de l'enquête principale plonge chacun de nos trois policiers dans bien des réflexions et des introspections personnelles qui complètent et enrichissent cet ouvrage beaucoup plus profond qu'un simple roman policier.

En effet, il y a dans un premier temps de nombreux sujets de sociétés qui sont abordés à travers le cas de l'Islande et tout un pan plutôt sombre de l'humanité est évoqué. L'Islande, insulaire, glaciale, hostile n'est pas épargnée. On évoque les forts taux de suicide et de disparition qu'elle subit et qui semblent être une fatalité plutôt "bien" acceptée ; mais aussi bien des travers de l'être humain dont elle n'est pas épargnée comme le racisme lié à l'immigration, la pédophilie, les règlements de compte entre bandes rivales, les trafics de drogue, les crimes "gratuits" ─ Toutes ces horreurs humaines pourraient d'ailleurs expliquer le meurtre ou pas ─

Il y a ensuite dans un deuxième temps, des réflexions très intimes et des intrusions dans la vie personnelle des policiers.

Erlendur Sveinsson en tête, que ce crime replonge (mais l'a t'il déjà réellement quitté ?) dans le drame de son enfance. Phénomène encore accentué par le retour dans son quotidien de ses deux grands enfants avec qui il a des relations difficiles, dont la vie personnelle est compliquée, chaotique et qui refaisant plus ou moins surface dans sa vie l'interrogent sans relâche sur un passé dont il n'a pas du tout envie de leur faire part.

Erlendur toujours qui subit également une perte importante et qui le touche en la personne de Marion Briem une ancienne supérieure qui n'a jamais vécue que pour son travail, qu'il n'appréciait pas plus que cela mais qui lui fait prendre conscience de sa propre solitude lorsqu'il se rend compte qu'il est le seul visiteur à l'hôpital de cette mourante.

Ainsi, il s'interroge beaucoup sur sa relation personnelle avec sa compagne mais aussi sur ses relations professionnelles avec ses collègues de toujours. Il semble d'ailleurs vouloir évoluer dans sa manière de les vivre.

Collègues qui eux aussi ont des soucis, des interrogations auxquels nous prenons part en marge de l'intrigue principale.

Je terminerais en disant que sans suspense extraordinaire ni rebondissements abracadabrants, Arnaldur INDRIDASON nous maintient tout de même en haleine et c'est un vrai plaisir de suivre les méandres de l'enquête et de l'introspection de ses personnages.

L'ensemble est vraiment très bien écrit, fluide. Le plus difficile est de retenir le prénom des différents protagonistes. Je pense que je vais poursuivre ma découverte de la saga, mais dans l'ordre d'écriture car il me semble que l'évolution au fil du temps des personnages est importante pour apprécier à sa juste valeur l'ensemble des enquêtes du peut-être pas si désabusé commissaire Erlendur.

Quelques extraits :
" Sa mère est en route. Elle s'appelle Sunee. Nous ne lui avons pas dit ce qui s'est passé. Ça promet d'être affreux."
" Sunee prononça sa phrase d'une voix si faible que l'interprète dut se pencher vers elle. Quand Gudny se redressa, elle traduisit en Islandais les dernières paroles qu'Elias avaient dites à sa mère avant de la voir partir à toute vitesse à son travail.
─ J'aurais voulu ne jamais me réveiller."
"L'image du corps d'Elias allongé sur le terrain de l'immeuble lui vint à l'esprit, entraînant immédiatement celle, ancienne, d'un autre petit garçon qui, des années plus tôt, une insondable éternité plus tôt, avait péri dans une tempête déchaînée. C'était son frère, âgé de huit ans. Ce ne fut qu'alors, au moment où il se trouva plongé dans la tranquillité nocturne de sa salle à manger, seul avec lui-même, qu'il comprit combien la découverte du petit garçon au pied de l'immeuble l'avait ébranlé."
"Erlendur s'enferma tout seul en rentrant au commissariat de la rue Hverfisgata. Il s'assit derrière son bureau, les mains posées sur les cuisses, le regard fixe. Il avait commis une erreur. Il avait enfreint une règle fondamentale qu'il avait jusque-là toujours respectée. Le premier commandement que Marion lui avait enseigné. Les choses ne sont pas telles que tu crois. Il avait péché par orgueil, s'était montré suffisant. Il avait fait fi de la prudence qui devait l'empêcher de se fourvoyer en terrain inconnu. Son orgueil l'avait induit en erreur. Il avait négligé un certain nombre d'hypothèses évidentes, ce dont il aurait pourtant dû être à l'abri."

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