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  • Photo du rédacteurDelphine

Les grandes marées de Jim LYNCH

Editeur : GALLMEISTER

Date 1ère parution : 2005 (États-Unis)

Genre : Contemporain

Nombre de pages : 274


Quatrième de couverture :

Une nuit, Miles O'Malley, treize ans, se faufile hors de chez lui pour aller explorer les étendues du Puget Sound à marée basse. Il fait une découverte qui lui vaut une célébrité locale. Certains se demandent quand même si cet adolescent imaginatif n'est pas un affabulateur ou…peut être davantage ? En fait, Miles est surtout un gosse qui s'apprête à grandir, passionné par l'océan, amouraché de la fille d'à côté et inquiet à l'idée que ses parents divorcent. Alors que la mer continue à abandonner des présents issus de ses profondeurs mystérieuses, Miles se débat avec la difficulté d'entrer dans le monde des adultes.


Mon avis :

Ce roman atypique mérite le détour.

Miles O'Malley lorsqu'il découvre son premier monstre marin dans la baie de Puget Sound située dans l'État de Washington ne s'attend sûrement pas au déferlement d'attention qui va fondre sur sa personne. En quelques jours, il devient malgré lui une célébrité locale.

D'autant plus, lorsqu'il "lâche" au détour d'une interview une petite phrase qu'il aurait sans doute souhaitée anodine :

" ─ Peut être que la Terre essaye de nous dire quelque chose."

Divers "curieux" vont alors graviter autour de lui pour plein de plus ou moins bonnes raisons et vont venir perturber le bel été qui s'annonçait…

Au travers de ces quelques semaines traversées par Miles, je trouve que deux histoires cohabitent.

Tout d'abord, le récit initiatique d'un tout jeune adolescent, complexé par sa taille, trop petite à son gout (mais surtout à celui de ses parents) et, à l'intelligence par contre elle peut-être un peu trop grande pour lui qui ne la maîtrise pas encore.

Ainsi, il va traverser son premier émoi amoureux, l'éveil de ses désirs sexuels (bien aidé en cela par Phelps l'ami un brin obsédé J ) mais aussi la peur du divorce probable de ses parents et enfin la découverte de la maladie, la vieillesse et la dépendance qui peut aller avec.

Son passage dans le monde des adultes peut sembler un peu rapide et brutal.

Ensuite, ce livre est également une fable écologique mêlant des faits scientifiques et malheureusement très réalistes sur l'état de la planète et les responsabilités humaines mais flirtant également très souvent avec une poésie de l'extraordinaire, du surnaturel, de l'absurde laissant libre cours à l'imagination du lecteur.

Le mélange des deux est très réussi, fort habilement mené et l'on se laisse bercer par l'ensemble au rythme des marées descendantes et montantes jusqu'à l'apogée de la grande marée de début septembre…

J'ai beaucoup aimé l'écriture, le style de ce livre. La fluidité est extraordinaire. Peut-être un petit bémol lors du passage éclair de Miles à la tête d'une "conférence" organisée par une simili secte qui le prend pour la réincarnation de Dieu. Mais Dieu n'est 'il pas en toute chose ? (message de la secte!).

J'ai moins aimé ce passage, mais cela n'entame en rien mon ressenti global du livre.

Plusieurs personnages aux portraits intéressants gravitent autour de Miles. Ses parents bien sûr (un peu coincés), Angie (un peu camée, un peu paumée), Florence (un peu médium), le juge (père d'Angie à la voix si impressionnante). Tout ce petit monde est fort attachant et si fragile que Miles semble parfois le plus solide au sein de cet environnement.

Je terminerais en disant que ce livre est une mine d'or pour qui veut découvrir la vie marine et sous-marine de manière ludique. Pour ma part, j'ai adoré le descriptif très imagé d'une rare qualité de toute cette vie et de ses particularités. L'humour utilisé rend l'exercice particulièrement savoureux.

Bref, ce livre est une belle découverte que je recommande vivement.


Quelques extraits :


" - Que voudrais-tu qu'on fasse ? - Que vous regardiez autour de vous le plus possible, je suppose. Rachel Carson a dit que la plupart d'entre nous traversent la vie en aveugle. Ça m'arrive certains jours, mais à d'autres moments je vois un tas de choses. Je pense que c'est plus facile d'ouvrir les yeux quand on est un enfant. On n'est jamais pressé d'aller quelque part, et on n'a pas ces longues listes de choses à faire, comme vous autres."
"Le juge ôta ses lunettes de soleil et nettoya méthodiquement les deux verres avec le bas de son T-shirt maculé de peinture. Il paraissait si ordinaire quand il ne parlait pas, avec ses petits yeux nuageux enfoncés dans un visage charnu sans menton. Sa mâchoire commençait bien, remarquai-je, puis elle s’égarait. Il n’était pas obèse, il était inachevé."
"Très tôt, j’ai compris que lorsque vous racontez aux gens ce que vous observez à marée basse, ils pensent que vous exagérez ou que vous mentez, alors qu’en fait vous essayez simplement d’expliquer des choses étranges et merveilleuses, aussi clairement que possible. Le plus souvent, je minimisais ce que je voyais, car je ne trouvais pas de mots assez forts, mais c’est la nature même du milieu marin qui veut ça, ainsi que les rivages où j’ai grandi. Il faudrait être un scientifique, un poète et un humoriste pour espérer tout décrire avec précision, et encore, vous seriez souvent loin de la réalité. En vérité, il m’arrivait de mentir en racontant où et comment j’avais découvert certaines choses, mais, exception faite de ces petits écarts, j’avais bel et bien vu ce dont je parlais. Absolument tout. Et même davantage."
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