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Sur la route (le rouleau original) de Jack KEROUAC

Dernière mise à jour : 1 févr. 2018

Éditeur : Folio

Date 1ère publication : 1957 (version corrigée) et 2010 (le rouleau original)

Genre : Autobiographie

Nombre de pages : 459 et 150 pages de préfaces


Quatrième de couverture :

La virée, dans sa bande originale : un long ruban de papier, analogue à celui de la route, sur lequel l’auteur a crépité son texte sans s’arrêter.

Aujourd’hui, voici qu’on peut lire ces chants de l’innocence et de l’expérience à la fois, dans leurs accents libertaires et leur lyrisme vibrant ; aujourd’hui on peut entendre dans ses pulsations d’origine le verbe de KEROUAC, avec ses syncopes et ses envolées, long comme une phrase de sax ténor dans le soir.

Telle est la route, fête mobile, traversées incessantes de la nuit américaine, célébration de l’éphémère.

La version originale du roman publiée dans toute sa folie.

Mon avis :

Aujourd’hui, j’ai enfin terminé la lecture de Sur la route de Jack KEROUAC. Pas n’importe quelle version, il s’agit du rouleau original.

Cette lecture m’a prise pas moins de dix jours mais je dois expliquer pourquoi.

D’abord, je ne connaissais rien de ce livre, de son histoire ni de celle de son auteur.

J’ai, inconsciente que j’étais, commencé ma lecture par la préface de ma version, écrite par Howard CUNNEL, à laquelle je ne comprenais rien et dont j’ai pris conscience qu’elle durait plus de 70 pages mais également qu’elle précédait d’autres préfaces d’autres auteurs, le tout faisant environs 150 pages. J’ai failli tout arrêter.

Et puis, idée lumineuse, j’ai décidé de lire le livre d’abord. Je suis alors entrée dans un autre monde sans aucune « préface » ou « introduction » cette fois.

Quelle folie ! Là aussi, j’ai bien failli arrêter, tenté de reprendre la préface, revenir au livre, relire et relire des passages, envisagé de prendre des notes pour appréhender les personnages.

Quel bazar, quelle bagarre que ce début de lecture et quelle déception ! Moi qui m’attendais à un chef d’œuvre, une merveille…

Mais, je suis obstinée, j’ai continué à lire à toute vitesse mais 10 ou 20 fois les mêmes pages et petit à petit, la magie a opéré.

Sur la route est entré dans mon cerveau et peu de temps après dans mon cœur.

C’est un bijou, un diamant brut, extraordinairement brut, mal taillé, coupant, dérangeant, envoutant, énervant.

Aujourd’hui, à l’heure où j’ai bouclé la dernière page, je sais que je vais le relire et le relire encore. Pas tout de suite, mais ce livre va rejoindre mon étagère à « merveilles ».

Je me suis surprise à faire des recherches sur la beat generation, à observer à la loupe une carte des Etats Unis pour retracer la route, à écouter France Culture (qui a consacré en juillet 2017 plusieurs émissions de « la compagnie des auteurs » à la beat generation et ses protagonistes », à acheter la biographie de Jack KEROUAC écrite par Yves BUIN (pas encore lue) et je sais que dans quelque temps, je lirai d’autres KEROUAC mais plus tard. Je vais d’abord laisser Sur la route décanter car je crois que ce livre ne m’a pas encore tout dit. Je vais maintenant également lire très attentivement cette fois, les préfaces qui vont prendre tout leur sens pour expliquer la genèse de la publication de ce livre très particulier et qui faisait peur aux maisons d’édition pour de multiples raisons.

Je ne vais pas être très prolixe sur le contenu. Il n’y a pas d’histoire à résumer si ce n’est que vous allez voyager (jamais en 1ère classe, ni en deuxième d’ailleurs), que le voyage va prendre des formes diverses. Les kilomètres bien sûr, mais pas que…surtout pas que. Les épopées sont brutales, fatigantes, épuisantes, soulantes, intenses et au combien dérangeantes et déroutantes mais tellement envoutantes.

Il y a deux personnages principaux : KEROUAC lui-même qui raconte, se raconte, cherche, se cherche, observe, note… et Neal CASSADY qu’un spécialiste du roman décrit comme étant impulsif, à la vie débridée, sociopathe, sans limite…un héros solaire et une presque infinité d’autres personnages. La bande bien sûr et les rencontres éphémères inhérentes à tout voyage.

Les bonnes mœurs en prennent un coup, il vaut mieux être prévenu (surtout dans cette version non édulcorée) mais je n’ai trouvé ce livre ni violent ni vulgaire bien que très libertaire.

L’Amérique traversée ici est aux antipodes du rêve Américain et de ma vision idéalisée de ce pays, mais elle est vrai, ça on ne peut en douter.

KEROUAC justement ne voulait que du vrai, pas de fiction. Il a au fil de la genèse de son livre, éliminé toute forme d’écriture, d’éléments qui auraient enjolivés la réalité et je crois qu’effectivement, il n’en reste rien. (J’insiste toujours que je parle du rouleau original).

Mais pour autant, ce livre célèbre puissamment une forme de vie, l’absence de contraintes, de responsabilités, la liberté ultime, l’amitié (et le mot est faible), la folie (et le mot est faible), l’anticonformisme mais pas comme une revendication, mais bien un mode de vie assumé.

Pas une seconde, je n’adhérerais à la vie des personnages (tous réels, c’est une autobiographie), mais pour autant, j’ai totalement adhéré à ce livre qui m’a bousculé malgré moi comme peu savent le faire et il m’a donné envie de vivre plus, d’aimer plus, de profiter plus, de saisir le moment présent et je ne m’explique pas pourquoi, d’apprendre, d’apprendre, d’apprendre.

Bref, pour moi, c’est un hymne à la vie !

Quelques extraits :

« Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents…tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirer ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer. Mais vous ne pouvez pas les ignorer. Car ils changent les choses. Ils inventent, ils imaginent, ils explorent. Ils créent, ils inspirent. Ils font avancer l'humanité. Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent »
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