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Vent d'Est, vent d'Ouest de Pearl BUCK

Editeur : Le livre de poche

Date 1ère parution : 1929

Genre : Contemporain / Drame

Nombre de pages : 251


Quatrième de couverture :

Kwei-Lan « vient d’être mariée » sans le connaître à un jeune homme de sa race mais qui revient d’Europe. Ce Chinois n’est plus un chinois, il a oublié la loi des ancêtres, il ne reconnaît, ne respecte ni les coutumes ni les rites…

Le frère de Kwei-Lan, qui vient de passer trois ans en Amérique, l’héritier mâle, annonce son mariage avec une étrangère ; il revient avec elle…

A travers les réactions des membres de cette famille de haute condition où l’attachement aux traditions, le culte des ancêtres, l’autorité du père et de la mère n’avaient encore subi aucune atteinte, la grande romancière Pearl Buck nous fait vivre intensément le conflit souvent dramatique entre la jeune et la vieille Chine.

Mon avis :

Ce livre est écrit à la 1ère personne par Kwei-Lan, jeune fille membre d’une famille Chinoise de haut rang ou les traditions ancestrales sont respectées et appliquées sans qu’aucune modernité, aucun changement ne vienne troubler l’ordre établi.

Les mariages sont arrangés entre Chinois dès la naissance, les jeunes filles ont les pieds bandés, les concubines sont légion, seuls les fils permettent à la famille d’engendrer des descendants (les filles appartiennent à leur belle famille) et l’autorité du père et de la mère est absolue.

Dans ce contexte, va apparaître le choc de l’Ouest à travers deux histoires.

Celle de Kwei-Lan tout d’abord qui élevée dans la cour des femmes dont elle n’a jamais franchi les portes, va devoir vivre auprès d’un époux qui ayant fait des études aux Etats Unis, pratique la médecine occidentale et rejette beaucoup de traditions dont notamment la place de la femme dans le couple. Il ne va avoir de cesse que de « convertir » Kwei-Lan à ses nouvelles relations, croyances, manière de vivre mais avec beaucoup de douceur, patience, pédagogie, amour. Pour Kwei-Lan, très attachée et soumise à ses origines, c’est un bouleversement auquel elle s’adapte petit à petit par amour mais sans renier pour autant ses racines, ses traditions.

Celle de son frère ensuite (plus émouvante car plus dramatique) qui revient des Etats Unis marié à une « étrangère » qu’il n’aura de cesse de faire accepter comme épouse à ses parents rompant ainsi ses fiançailles arrangés.

Ce livre est attachant au travers des émotions, des réflexions, des évolutions de Kwei-Lan littéralement déchirée entre ces deux mondes qui s’affrontent jusqu’à la mort.

L’écriture est délicate, légère comme une plume. Le texte est limpide et les émotions décrites avec pudeur mais précision et l’on peut parfaitement imaginer le désarroi de chacun des personnages. L’amour est omniprésent dans cet ouvrage que je recommande à tous ceux qui veulent découvrir simplement et agréablement cette Chine du début du 20ème siècle confrontée à l’Occident qui « s’invite » sur ses terres.

L’auteure Américaine mais qui a longuement vécue en Chine connaît parfaitement son sujet et c’est extrêmement agréable.

Chacun pourra selon sa sensibilité se faire une opinion sur la question du respect des traditions par l’ancienne génération face à la modernité revendiquée par la nouvelle.

Extraits :

« Kwei-Lan, ma fille me dit-elle, tu es sur le point d’épouser l’homme auquel tu fus promise avant que de naître (…). Telle était ta destinée. Tu fus élevée dans ce dessein. »
« Durant les dix-sept années de ta vie, j’ai eu en vue cette heure de ton mariage. En faisant ton éducation, j’ai songé à deux personnes : la mère de ton mari et ton mari lui –même. C’est pour sa mère que je t’ai appris à préparer et à présenter le thé à une personne âgée, à te tenir devant elle comme il sied, et à écouter en silence ses paroles, soit de louange soit de blâme. En tout cas, je t’ai dressée à te soumettre, de même qu’une fleur subit le soleil et la pluie. »
« On ne peut vous demander d’être attirée vers celui que vous apercevez pour la première fois ; il en est de même de mon côté. On nous a obligés, l’un comme l’autre, à ce mariage. Jusqu’ici, nous étions sans défense. Mais à présent nous voilà seuls ; nous sommes libres de nous créer une vie selon nos désirs. Quant à moi, je veux suivre les voies nouvelles. Je veux vous considérer, en toutes choses, comme mon égale. Je n’userai jamais de la contrainte. Vous n’êtes pas mon bien, un objet en ma possession. Vous pouvez être mon amie, si vous voulez. »
« C’est là mon chagrin. Mariée depuis un mois à peine, je ne suis pas belle à ses yeux ».
« Je désire que vos débandiez vos pieds, car ce n’est pas beau et puis c’est passé de mode (…) pas beau ? Moi qui avais toujours été si fière de mes petits pieds (…) Quand je pleurais dans ma souffrance, elle (ma mère) me priait de songer au jour où mon mari louerait la beauté de mes pieds. Je baissais la tête pour cacher mes larmes. »
« (…) Ce sont des jours cruels pour les vieux ; aucun compromis n’est possible entre eux et les jeunes ; ils sont aussi nettement divisés que si un couperet neuf avait tranché la branche d’un arbre.
- C’est très mal, murmurai-je.
- Non, ce n’est pas mal, répondit-elle, mais seulement inévitable. La chose la plus triste du monde. "
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