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Celle qui fuit et celle qui reste de Elena FERRANTE

Editeur : POCKET

Date 1ère parution : 2013 (Italie)

Genre : Contemporain

Nombre de pages : 544


Quatrième de couverture :

"Nous vivons une époque décisive, tout est en train d'exploser. Participe, impose ta présence!".

Alors que les évènements de 1968 s'annoncent, que les mouvements féministes et protestataires s'organisent, Elena, diplômée de l'École normale supérieure de Pise, se retrouve au premier rang. Elle vient de publier un roman inspiré de ses amours de jeunesse qui rencontre un certain succès tout en faisant scandale. Lila, elle, a quitté son mari Stefano et travaille dur dans une usine où elle subit le harcèlement des hommes et découvre les débuts de la lutte prolétaire. Pour les deux jeunes femmes, comme pour l'Italie, c'est le début d'une période de grands bouleversements.

Mon avis :

La saga concernant celle qui fuit Elena et celle qui reste Lila reprend de plus belle. Nos héroïnes, deux amies issues des faubourgs populaires de Naples sont de retour.

Elena, le faire valoir est cette fois-ci en apparence du moins en première ligne. Elle vient de terminer ses études à Pise, loin de Naples, de publier son premier roman autobiographique et fréquente un milieu bien plus élitiste et aisé que le sien.

Lila, elle toujours à Naples, a quitté son mari et elle est devenue ouvrière dans une usine de salaison. Son travail est difficile physiquement mais elle est en plus harcelée par son patron. Elle tente également d'élever son fils comme elle peut.

La donne sociale n'est donc plus du tout la même pour ces deux jeunes filles devenues femme et elles semblent plus éloignées que jamais, amies et/ou ennemies d'enfance !

Ce troisième tome est je trouve le plus intimiste et celui qui m'a le plus accroché car l'histoire prend beaucoup de profondeur. Nous suivons Elena dans les méandres de son cerveau, de ses interrogations et n'étant plus obsédée par l'idée de "devenir", puisqu'à priori elle "est devenue", elle va enfin tenter de savoir qui elle est vraiment.

L'évolution ou tout du moins la prise de conscience du caractère un peu "pervers" de son amitié avec Lila est très intéressante à mes yeux et je me suis dit, enfin elle se réveille…Du coup, j'ai envie de relire les deux premiers tomes avec un regard neuf sans la pointe d'agacement qui me traversait parfois lors de ma première lecture.

Ce qui rend ce tome passionnant également est son côté grand roman politique et social qui pêle-mêle traverse l'histoire de l'Italie des années 70. La lutte des classes, le fascisme, le communisme, les années de plomb…mais aussi l'éducation, le féminisme…

Cet aspect me plait beaucoup car il permet d'apprendre et d'avoir conscience dans une ambiance très populaire des grandes interrogations, des évolutions naissantes, des drames qui vont se jouer à l'époque.

Cette lecture si on le souhaite est un point de départ pour s'intéresser plus précisément à l'histoire Italienne de l'époque.

Pour conclure, je recommande vivement la lecture de ce tome, le plus aboutit des trois (n'ayant pas encore lu le quatre) à mon humble avis!

Quelques extraits :

"Une société qui trouve naturel d'étouffer autant d'énergies intellectuelles féminines avec les tâches domestiques et l'éducation des enfants, est sa propre ennemie et ne s'en aperçoit même pas."


"Des ouvriers qui triment du matin au soir, mais qui ont le pouvoir ? c’est du vent, censé faire passer la pilule de la fatigue. Tu sais bien que c’est une condition terrible, ce qu’il faut, ce n’est pas l’améliorer, mais l’éradiquer, et ça tu le sais depuis que tu es petite."


" Si vous aviez étudié, vous auriez aussi bien réussi que Gréco. - Qu'est-ce que vous en savez ? - C'est mon métier. - Vous les profs, vous insistez sur les études parce que c'est votre gagne-pain. Mais étudier ne sert à rien, et ça ne sert permet même pas de devenir meilleur : au contraire, ça rend encore plus mauvais. - Elena est devenue plus mauvaise ? - Non, pas elle. - Et pourquoi ? " Lila enfonça le bonnet de laine sur la tête de son fils : " On a fait un pacte, quand nous étions petites : la méchante, c'est moi."

" Qu'est-ce que je cherchais? A changer ma naissance? À changer les autres aussi, en même temps que moi? À repeupler cette ville, maintenant vide, avec des habitants qui ne soient pas harcelés par la misère ou l'avidité, des habitants sans haine et sans fureur, capables d'apprécier la splendeur du paysage, à l'instar des dieux qui vivaient ici autrefois? À encourager mon démon intérieur, lui inventer une belle vie et me sentir heureuse?


"Devenir. Ce verbe m'avait toujours obsédée, mais c'est en cette circonstance que je m'en rendis compte pour la première fois. Je voulais devenir, même sans savoir quoi. Et j'étais devenue, ça c'était certain, mais sans objet déterminé, sans vraie passion, sans ambition précise. J'avais voulu devenir quelque chose -voilà le fond de l'affaire- seulement parce que je craignais que Lila devienne Dieu sait quoi en me laissant sur le carreau. Pour moi, devenir, c'était devenir dans son sillage. Or, je devais recommencer à devenir mais pour moi, en tant qu'adulte, en dehors d'elle."

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