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Fendre l'armure de Anna Gavalda

Editeur : DE NOYELLES (Pour France Loisirs) avec autorisation LE DILETTANTE

Date 1ère parution : 2017

Genre : Contemporain/Nouvelles

Nombre de pages : 285

Quatrième de couverture :

On me demande d'écrire quelques mots pour présenter mon nouveau livre aux libraires et aux critiques et, comme à chaque fois, ce sont ces quelques mots qui sont les plus difficiles à trouver. Je pourrais dire que c'est un recueil de nouvelles, que ce sont des histoires, qu'il y en a sept en tout et qu'elles commencent toutes à la première personne du

singulier mais je ne le vois pas ainsi. Pour moi, ce ne sont pas des histoires et encore moins des personnages, ce sont des gens. De vrais gens. Pardon, de vraies gens. C'est une faute que j'avais laissée dans mon manuscrit, "la vraie vie des vrais gens", avant que Camille Cazaubon, la fée du Dilettante, ne me corrige : l'adjectif placé immédiatement avant ce nom se met au féminin. Quelles gens ? Certaines gens. De bonnes gens. Cette règle apprise, je suis allée rechercher tous mes "gens" pour vérifier que tous s'accordaient bien et j'ai réalisé que c'était l'un des mots qui comptait le plus grand nombre d'occurrences. Il y a beaucoup de "gens" dans ce nouveau livre qui ne parle que de solitude. Il y a Ludmila, il y a Paul, il y a Jean et les autres n'ont pas de nom. Ils disent simplement "je". Presque tous parlent dans la nuit, pendant la nuit, et à un moment de leur vie où ils ne différencient plus très bien la nuit du jour justement. Ils parlent pour essayer d'y voir clair, ils se dévoilent, ils se confient, ils fendent l'armure. Tous n'y parviennent pas mais de les regarder essayer, déjà, cela m'a émue. C'est prétentieux de parler de ses propres personnages en avouant qu'ils vous ont émue mais je vous le répète : pour moi ce ne sont pas des personnages, ce sont des gens, de réelles gens, de nouvelles gens et c'est eux que je vous confie aujourd'hui.

Mon avis :

Il s'agit d'un recueil de sept nouvelles que pour ma part, j'ai lu en 24 heures, avec quand même un trajet TGV de deux heures (la paix enfin!) pour m'y aider. Mais de toute façon, cela aurait été rapide quand même tant ce livre est agréable et facile à lire.

Anna Gavalda de sa plume inimitable et tellement reconnaissable nous ballade d'une émotion à une autre sans aucun "ménagement".

On rit, on pleure, on sourit, on s'amuse, on s'émeut, on s'indigne…bref, on vit avec un grand V.

Tous les personnages évoqués dans ces nouvelles font face à des moments clés de leur existence, mais il s'agit quand même de la vie courante, celle de tous les jours. Aucun événement particulier ou exceptionnel ne viendra enjoliver leur histoire au risque de la rendre moins réaliste. La simplicité (même dramatique parfois) des faits évoqués est pour moi la grande force d'Anna Gavalda, car de ce fait, on s'identifie particulièrement bien à eux et l'émotion, les émotions que l'on ressent sont fortes et authentiques.

J'ai aimé les sept même si pour certaines, j'ai été plus frustrée que d'autres de ne pas avoir la suite…

Chaque final est réussi. Certains sont même je trouve d'une originalité et d'une poésie époustouflante. J'ai parfois été bluffée.

Un vrai coup de cœur.

Je termine cet avis avec quelques mots choisis pour chacune d'elle.

1. L'amour courtois

Lulu, banlieue, RER, copine, boulot, amours…

2. La maquisarde

Solitude, désespoir, amitié, tristesse, espoir, renaissance…

3. Mon chien va mourir (ma préférée)

Amour avec un grand A, émotion…

4. Happy Meal (la plus surprenante)

Encore l'Amour, l'humour…

5. Mes points de vie

Inquiétude, faille, leçon de vie, discrimination, tolérance, sagesse, bonheur, famille, fondation…

6. Le fantassin

Solitude, travail, bienveillance, introspection, éducation, absence…

7. Un garçon (la plus courte)

Gueule de bois, image, préjugés, bêtise...

Quelques extraits :

1. L'amour courtois
" Eh oui. Faut pas se fier. Je suis grossière, mais c'est ma tenue de camouflage. Comme les geckos sur les troncs d'arbre ou les renards d'Arctique qui changent de pelage en hiver, mon côté voyant, c'est pas mes vraies couleurs."
2. La maquisarde
" Et je souriais. Et c'était nouveau. Et c'était bon. Je n'avais pas souri comme ça depuis si longtemps. Je souriais et je me suis mise à pleurer à chaudes larmes. De sourire enfin me permettait de pleurer enfin. Pas de la petite larmichette amère comme à l'instant d'avant ou au café le matin même, mais de bonnes grosses larmes bien grosses, bien grasses, bien rondes et bien chaudes. Du corps qui lâche. De la dureté qui cède. Du chagrin qui fond."
"Si j'avais su que je l'aimais autant, je l'aurais aimé davantage."
3. Mon chien va mourir
" C'était la première fois que j'avais une idée dans la tête depuis le départ du petit. La première fois que je prenais une décision qui me concernait en propre. J'y croyais pas de trop."
4. Happy Meal
" Cette fille, je l'aime. J'ai envie de lui faire plaisir. J'ai envie de l'inviter à déjeuner. Une grande brasserie parisienne avec des miroirs et des nappes en tissu. M'asseoir près d'elle, regarder son profil, regarder les gens tout autour et tout laisser refroidir. Je l'aime. "
5. Mes points de vie
" Horribles millièmes de secondes. Horribles secousses sismiques. Fissure, faille, brèche, lézarde ou tout ce que vous voudrez, mais le cœur à cet instant, se fragilise à jamais."
6. Le fantassin
" Et aussi que j'étais fils unique. Que j'avais probablement projeté sur vous l'image d'un frère idéal. Que je vous avais rêvé, inventé, fabriqué. Que ce n'était pas vous que je pleurais, mais mon bel hologramme."
7. Un garçon
"Je me suis redressé, je me suis rajusté, j'ai rentré ma chemise dans mon pantalon, j'ai arrangé mon col, je me suis recoiffé (gel à la bave de zombi, tenue garantie), j'ai lissé mes sourcils, j'ai passé ma langue sur mes lèvres desséchées par l'alcool et les embruns et je me suis remis en mode chasse et cueillette.
Mains qui rabattent, soupçon de dédain pour marquer l'arrêt, regard qui tient en joue et sourire qui embroche.
Je parle de l'avion de chasse évidemment. L'autre, y avait rien à braconner, elle était déjà embusquée dans un livre."


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