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Six jours de Ryan GATTIS

Editeur : LE LIVRE DE POCHE

Date 1ère parution : 2015

Genre : Drame

Nombre de pages : 600


Quatrième de couverture :

Le 29 avril 1992, l'acquittement des policiers coupables d'avoir passé à tabac Rodney King met Los Angeles à feu et à sang. Pendant six jours, Los Angeles a montré au monde ce qui se passe quand les lois n'ont plus cours. Le premier jour des émeutes, en plein territoire revendiqué par un gang, le massacre d'un innocent déclenche une succession d'événements qui vont traverser la ville. Dans les rues de Lynwood, un autre quartier, qui attire toutes les forces de police et les caméras de télévision, les tensions s'exacerbent.

Des membres de gangs profitent de la désertion des représentants de l'ordre pour vandaliser et régler leurs comptes. Au cœur de ce théâtre de guerre urbaine se croisent sapeurs-pompiers, infirmières, ambulanciers ; leur vie est bouleversée par ces journées de confusion. Un roman choral magistral, un récit épique fascinant, une histoire de violence, de vengeance et de loyauté.

Mon avis :

Six jours est un roman choral ou donc la narration de l'histoire va être successive et complémentaire à travers 17 personnages tous impliqués (titre original du livre) dans le déferlement d'émeutes, de pillages et d'incendies que vont connaître les quartiers Sud de Los Angeles (south central) durant six jours suite à l'acquittement le 29 Avril 1992 des policiers coupables d'avoir passé à tabac Rodney King.

Parmi ces 17 personnages, on trouve un pompier, une infirmière dont on se doute, l'implication est toute autre que celle des différents membres de gang latinos que l'on va suivre. D'ailleurs, ces six journées d'émeute ne sont pas le cœur du récit. Celui-ci se déroule plus à l'est dans le quartier hispanique de Lynwood, un périmètre isolé du reste de la ville, oublié par les autorités et les forces de polices monopolisées par les émeutiers.

On nous raconte comment cet état de non droit va par opportunisme exacerber les règlements de compte entre gangs Le point de départ est l'assassinat dans un déferlement hallucinant de violence d'Ernesto Vera, un jeune homme de 20 ans qui pourtant se tenait éloigné des gangs, ayant réussi à n'en faire partie d'aucun.

Cependant, Ernesto avait une sœur Payasa et un frère Ray membres de ces mêmes gangs et c'est là tout le fatalisme, le caractère inexorable des gangs. Etre leur frère a suffi à servir de cible privilégiée pour une vengeance…et une vengeance va en entraîner une autre et l'escalade dans l'horreur est vertigineuse.

Etre dans la tête des différents narrateurs permet de suivre leur logique implacable. Les actes les plus barbares sont justifiés par le fatalisme, la loyauté, la peur…la fuite en avant, l'absence de tout espoir de rédemption, l'impossibilité de quitter un gang. Et pourtant, ils sont si jeunes. C'est d'ailleurs surprenant à quel point on les croit plus vieux. La plupart sont adolescents. Mais il est vrai que l'espérance de vie qui est la leur n'a rien à voir avec la nôtre.

C'est une autre Amérique que l'on nous présente. Celle de la violence, des tensions ethniques, des laissés pour compte. Et pourtant, l'omniprésence des armes, leur banalisation à l'extrême m'interpelle dans le contexte actuel que vit l'Amérique des "nantis".

La lecture n'a pas été facile. La description de toute cette violence est crue, dérangeante. Le point de vue de chaque personnage est intéressant, parfois captivant mais parfois aussi un peu trop long. Par ailleurs, j'ai de temps en temps perdu le fil de l'appartenance aux gangs et j'ai dû faire de nombreux retours en arrière.

Cependant, j'ai beaucoup appris et ce livre est parfaitement documenté, très bien écrit. Ma note un peu faible reflète surtout le fait que je ne m'attendais pas à l'histoire de la rivalité entre deux gangs, mais plutôt au récit des émeutes en elles-mêmes.

Cette immersion a parfois été à la limite du supportable pour moi, mais cela ne remet pas en cause la qualité de cet ouvrage.

Quelques extraits :

Anthony SMILJANIC, sapeur-pompier:

" Il y a une Amérique cachée à l'intérieur de celle que nous montrons au monde entier, et seul un petit groupe de gens la voit véritablement. Certains d'entre nous sont enfermés dedans par leur naissance, ou la géographie, mais le reste d'entre nous, on ne fait qu'y travailler. Médecins, infirmières, pompiers, flics – nous la connaissons. Nous la voyons. Nous négocions avec la mort là où nous travaillons parce que, tout simplement, ça fait partie de notre boulot. Nous en voyons les diverses strates, son injustice, son caractère inéluctable. Et pourtant, nous livrons cette bataille perdue d'avance…"

" J'étais juste un môme en colère qui rentrait chaque jour dans une maison vide, qui se bagarrait pour s'affirmer, pour prouver que ça lui était égal d'être tout seul. Si je suis devenu quelqu'un d'autre, c'est grâce à Fate. Ce qu'Irène ne comprend pas, c'est que, pour moi, tout a commencé il y a bien longtemps. Je peux pas sortir du jeu comme ça, je peux pas simplement me lever de table et mettre les bouts. Les cartes qu'on m'a refilées correspondent au moment où on m'a refilé mon blaze (surnom), Clever. Bien sûr, ça s'est déjà vu, des gars qui ont réussi à décamper. Ils ont quitté le quartier, ont eu des enfants, mais ça c'était avant que Joker, Trouble et Momo se fassent dessouder. Y'a pas d'autre option à Lynwood actuellement…"


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