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Un goût de cannelle et d'espoir de Sarah McCOY

Editeur : POCKET

Date 1ère parution : 2012

Genre : Historique

Nombre de pages : 491

Quatrième de couverture :


Allemagne, 1944. Malgré les restrictions, les pâtisseries fument à la boulangerie Schmidt. Entre ses parents patriotes, sa sœur volontaire au Lebensborn et son prétendant haut placé dans l'armée nazie, la jeune Elsie, 16 ans, vit de cannelle et d'insouciance. Jusqu'à cette nuit de Noël, où vient toquer à sa porte un petit garçon juif, échappé des camps…

Soixante ans plus tard au Texan, la journaliste Reba Adams passe devant la vitrine d'une pâtisserie allemande, celle d'Elsie…Et le reportage qu'elle prépare n'est rien en comparaison de la leçon de vie qu'elle s'apprête à recevoir.



Mon avis :

Transcription de quelques recettes de pâtisserie allemande, c'est ainsi que se termine ce roman à l'odeur alléchante, au parfum enivrant.

Il s'agit du fil rouge de cet ouvrage : l'univers de la boulangerie et ses douceurs. Le livre regorge de descriptions et de senteurs suggérées quel que soit l'époque : 1944/45 ou 2007/08. Il s'agit vraiment d'un personnage à part entière du roman, un contexte délicieux et c'est très sympa de finir sur ces recettes.

Ceci étant dit, ce n'est pas le thème principal. En effet, ce livre qui contient une double temporalité raconte deux histoires sur fond de seconde guerre mondiale d'un côté, de migrants mexicains, d'enfance douloureuse non digérée et d'histoire d'amour contrariée de l'autre. L'ensemble évoque la mort, l'acceptation, le pardon, la vie…

J'ai trouvé l'ensemble très inégal.

Commençons par le moins intéressant à mon goût, à savoir la partie la plus récente qui parle de Reba, de son fiancé Riki, de sa sœur Deedee, de sa mère et de son père décédé. Réba est mal dans sa peau et dans sa vie. La faute à une enfance difficile auprès d'une famille déchirée par la présence d'un père ancien combattant dépressif. De ce fait, Reba est partie loin de sa Virginie natale et n'arrive pas à assumer son choix. Elle est fiancée à Riki qui travaille dans un poste de patrouille frontalière avec le Mexique (nous sommes dans l'Etat du Texas). Elle a accepté sa demande en mariage mais n'est plus très sûre de son choix. Ses atermoiements sont un peu plats, convenus mais c'est peut-être en comparaison avec l'autre face de l'histoire beaucoup plus riche. Reste pour cette partie la question des migrants mexicains. Le thème est abordé au travers de Riki d'origine Mexicaine mais de nationalité américaine qui au travers de l'expulsion dramatique d'une mère et de ses enfants va voir ses certitudes ébranlées. J'aurais aimé que cet aspect-là soit développé mais après tout, ce livre est une histoire de femmes donc celle de Reba pour cette époque.

Pour conclure, une partie sympathique sans plus.

La vraie découverte, le bijou de ce livre, c'est la partie qui traite d'une époque plus ancienne et au combien tourmentée, à savoir principalement la fin de l'année 44 et l'année 45 et donc la fin de la guerre avec la déroute de l'armée allemande et l'arrivée des Russes et des Américains sur son territoire. Nous sommes en Allemagne et Elsie est une jeune fille de 16 ans qui va vivre une histoire personnelle dramatique et un dilemme déchirant.

Pour ma part, c'est ma première lecture abordant la seconde guerre mondiale au travers de l'expérience d'une jeune allemande proche du milieu SS avec un père tout acquis à leur cause, une sœur volontaire au Lebensborn et un fiancé haut placé dans l'armée nazie.

Pourtant, la jeune Elsie est innocente, ignorante comme certainement beaucoup d'allemands des atrocités perpétrés par les nazis, certainement naïve et dans tous les cas "protégée" par son environnement.

Le contraste devient alors la force de cette histoire, car en quelques jours, elle va plonger dans l'horreur, découvrant en même temps le vrai visage des SS et la réalité des violences faîtes aux juifs au travers de l'apparition de Tobias un petit garçon juif.

Le reste de l'histoire est à découvrir et croyez-moi, vous allez aimer Elsie et vivre pleinement son parcours initiatique.

L'aspect historique prend tout son sens, sa force et nous donne à réfléchir.

Le style de Sarah MacCoy est fluide, facile à lire. Les chapitres sont plutôt courts et on se perd parfois un peu dans les alternances d'époques surtout lorsque d'autres s'ajoutent aux deux périodes principales. Cependant, tout est justifié pour une bonne compréhension de l'histoire et des émotions de chacun.

Je recommande vivement cette lecture pour Elsie et pour la partie historique formidable, pour le merveilleux parfum de cannelle de la boulangerie et peut-être finalement un petit peu aussi pour Reba avec qui nous partageons cette leçon de vie, de mort et d'espoir.

PS : Un petit clin d'œil et une mention spéciale à "El dia de los muertos" évoqué dans l'ouvrage et merveilleusement mis en avant par Disney dans le film d'animation COCO.

Quelques extraits :
"Elle essaya de garder une voix neutre. - Vous étiez nazie ? - J'étais allemande - Et donc, vous souteniez les nazis ? - J'étais allemande, répéta Elsie. Etre nazi est un positionnement politique, pas une ethnie. Le fait que je sois allemande ne fait pas de moi une nazie."
"L'enfer et le paradis ne distinguaient pas les races et les croyances."
"Personne n'est bon ou mauvais par naissance, nationalité ou religion. Au fond de nous, nous sommes tous maîtres et esclaves, riches et pauvres, parfaits et imparfaits."
"-Vous ne pouvez tout de même pas comparer le régime nazi avec les Américains en Irak, c'est totalement différent. Elsie ne cilla pas. - Vous savez tout ce qui s'y passe? Non. C'était pareil pour nous à l'époque. Nous savions que certaines choses n'étaient pas bien, mais nous avions trop peur pour changer ce que nous savions, et encore plus peur de découvrir ce que nous ne savions pas."
"Cela lui faisait mal d'avoir à expulser ces gens, ses frères, comme du bétail, les ramenant à leur ghetto de Juarez sans espoir ni perspectives. Mais c'était la loi, et Riki avait foi dans la loi. Baisse la tête, fais ce que tu as à faire, ne pose pas de questions et tu seras récompensé au bout du compte : même ton père croyait en cette philosophie. Au fond de lui pourtant, il se demandait quelle était la place de la compassion humaine dans l'obéissance aveugle."
"L'association n'approuve pas que les mères fassent preuve de possessivité maternelle concernant les enfants de la patrie, mais je ne peux pas taire mes sentiments. Ils étaient en moi pendant neuf mois, pas dans le ventre du Führer !"
"Comme leurs esprits sont jeunes et ignorants de l'histoire. Je me demande s'il vaut mieux pour eux qu'ils restent ainsi, innocents et naïfs. Devrions-nous enterrer nos souvenirs barbelés pour éviter qu'ils ne transpercent leurs cœurs? Il est certain qu'ils connaîtront leurs propres tragédies. Ou devrions-nous mettre en garde nos enfants contre la cruauté du monde et la méchanceté des gens? Les prévenir pour qu'ils veillent les uns sur les autres et qu'ils aspirent à la compassion? Voilà les questions qui me taraudent depuis quelques temps."
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